Page:Barry - Chroniques du lundi, 1900.djvu/35

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leurs hôtes d’une hospitalité quelconque, ou qui, trouvant l’occasion de faire figurer leur nom, se chargent de reproduire l’incident en un récit ampoulé où le bon sens brille par son absence.

Telle nécrologie, par exemple, au lieu d’attendrir le lecteur, amène un sourire sur ses lèvres, ou telle description de fête couvre de ridicule les héros, ne laissant dans l’esprit qu’une bien pauvre idée des personnages en général et de l’écrivain en particulier.

Peu de journaux ont le courage moral de refuser ces élucubrations, d’abord parce qu’on ne veut pas froisser un abonné peut-être, ensuite, parce que ces annonces sont des plus rémunératoires. On est toujours sûr d’une commande de quelques centaines de numéros contenant le petit chef-d’œuvre littéraire, que les intéressés distribuent, en guise de souvenirs, aux amis et aux parents jusqu’à la quatrième génération.

C’est pourquoi vous auriez pu lire, il y a quelques jours, dans une feuille montréalaise, un long article, s’intitulant pompeusement :

« Autour d’un Mariage. »

Pourquoi « autour » ? Je n’en sais rien. Seulement, avec un titre comme celui-là, on est toujours sûr d’attirer l’attention.

Mais au fait et sans plus tarder :

« La jolie paroisse de V… était en liesse, mardi dernier. Il y avait grand gala et réjouissance complète comme jamais, de mémoire d’homme, le village n’en fut témoin, à propos d’une fête matrimoniale… »

Une paroisse en liesse, où il y a gala et réjouissance générale à propos d’un seul et unique mariage, doit être une paroisse gaie et facile à divertir ; on serait du moins tenté de le croire si l’écrivain ne voulait simplement que distinguer ce mariage de tous les autres en