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spacieux, plus confortable ? Hélas ! vous ne faites que changer de misère, et vous irez ainsi, promenant vos ennuis de porte en porte, jusqu’au jour où vous serez définitivement installés dans les six pieds de terre, d’où, Dieu merci, on ne déménage plus.


Lundi, 9 mai.

«  Le cœur de l’homme est plein d’oubli ;
C’est une eau qui remue et ne garde aucun pli.
L’herbe pousse moins vite aux pierres de la tombe
Qu’un autre amour dans l’âme, et la larme qui tombe
N’est pas séchée encor que la bouche sourit,
Et qu’aux pages du cœur un autre nom s’écrit. »

Tous les journaux ont publié dernièrement le mariage prochain de la princesse Marie Victoria de Teck avec le prince Georges de Grades.

On ajoutait, pour tout commentaire, que la reine Victoria est très heureuse de cette union en perspective, et que l’événement cause également une grande satisfaction parmi le public, où les deux fiancés sont très populaires.

De sorte que tout le monde est content… excepté, peut-être les deux intéressés, mais, ça, c’est un petit détail insignifiant et qui ne vaut pas la peine d’une considération.

Cette nouvelle, qui nous arrive d’outre-mer, ne pouvait passer inaperçue, et il serait difficile d’analyser les impressions diverses créées par la lecture du message. Il a semblé, tout d’abord, que quelque chose se froissait subitement en nous, et les réflexions qui ont suivi n’ont pas été de nature aussi réjouissante que celles qui accompagnent d’ordinaire l’annonce d’un mariage.

La princesse Marie occupe les sommets de la hiérarchie sociale, et si, pour ma part, je prends intérêt à ce