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On fait bien les choses à Valleyfield, et les visiteurs venus pour assister aux fêtes y ont été entourés de délicates prévenances et accueillis avec la plus généreuse hospitalité.

Mgr Émard s’y trouvera bien, j’en suis sûre, et déjà le nouveau prélat semble s’être attiré toutes les sympathies.

À l’issue de la messe il y eut un magnifique banquet, sous une large tente dressée dans des champs avoisinant la gare.

Les décorations de la salle du banquet démontraient un goût exquis. J’eus le privilège, ainsi que mon amie, d’y mettre le nez, de sorte que je n’en parle pas sur la foi des on-dit. Le menu était abondant et nul doute qu’il devait être excellent aussi. Mais, de cette dernière particularité, je n’ai pas eu d’expérience personnelle. Ce sont les dames et les demoiselles de la ville qui servaient les convives, toutes de noir vêtues et parées de petites écharpes de couleur attachées au bras. Il y avait de plus une délicieuse musique d’orchestre. En un mot, l’ensemble formait un joli spectacle.

Ce banquet ne se composait pas seulement de membres du clergé ; il s’y mêlait aussi beaucoup d’éléments profanes, choisis parmi les délégués des nombreuses associations et les représentants de la presse.

On m’a même parlé d’une rencontre, — ménagée par ce savant jurisconsulte dont je vous parlais au commencement, — entre une gentille veuve et un fort galant veuf, et qui ont causé sérieusement entre la poire et le fromage.

Vous le savez, les beaux jours sont courts. Il fallait dire adieu à ses amis d’un jour, quitter Valleyfield, son ciel hospitalier, ses drapeaux flottants.

Le soleil se couchait radieux derrière la montagne, comme notre train-express entrait à Montréal.