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Lundi, 14 juin.

(C’est que c’était l’hiver
et que c’est le printemps.)

V. Hugo.

L’air est doux. Le ciel, maillé de bleu, resplendit plus beau à travers les nuages floconneux. Dans les espaces, flottent mollement les fils de la Vierge et le zéphir apporte à mes sens ravis, des parfums subtils, pénétrants, comme les brises de l’Arabie traversant les oasis en fleurs.

La terre s’est réveillée de son long sommeil. Elle a secoué sa torpeur, son engourdissement et sourit au soleil, son inconstant amant ; coquette, elle se revêt de sa plus belle parure pour fêter le retour de son bien-aimé. Elle a piqué de ci, de là, sur ses longs vêtements, des fleurettes aux couleurs vives, tranchant sur sa robe d’émeraude.

Oh ! le bon air ! Oh ! le renouveau du printemps qui change tout en vous, dore vos illusions de couleurs plus belles et laisse couler dans vos veines un sang plus vif et plus chaud…

C’est lui aussi qui met des chansons dans l’air, des mélodies enivrantes au-dedans de l’être, et qui, par son souffle vivifiant, fait vibrer les fibres de l’âme comme des harpes éoliennes.

Allons au bois ! le gazon est tendre, l’herbe soyeuse et, dans la ramure, les feuillus épais forment des bosquets charmants, des solitudes pleines de silence et de mystère.

Dans les sentiers ombreux, arrachés aux arbres en pleine éclosion, il pleut des pétales roses et blancs, qui tombent, en tournoyant gracieusement, sur la tête des jeunes couples qui s’y promènent en balbutiant la douce maïeutique de l’amour.

Les arbustes sont chargés de fleurs ; partout les épines sont cachées sous la pousse nouvelle et l’on n’aperçoit