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Chroniques du Lundi.


Lundi, 21 septembre.

Vous savez, c’est le bazar de la cathédrale.

Une nouvelle déjà vieille de huit jours, et que personne n’ignore ; il y en a même à qui elle fait mal au cœur, vis-à-vis du gousset. Mais, bast ! on se guérit aisément de ces petites saignées faites au porte-monnaie, et d’ailleurs, le beau moyen de refuser à ces jolies quêteuses qui viennent solliciter si gentiment votre contribution à la dépense commune !

Cependant, il serait intéressant, si la chose pouvait être possible, de constater dans l’addition des recettes, combien d’argent a été donné pour la seule considération de venir en aide à l’œuvre de la cathédrale, combien pour des motifs de respect humain, combien pour les beaux yeux de celle-ci ou parce que l’on n’avait pas le courage moral de refuser à celle-là ? Mais il ne faut pas ainsi disséquer toutes les bonnes actions ; leurs véritables intentions connues, on ne croirait plus jamais au bien.

C’est invitant et gai tout de même, chaque soir à la cathédrale. Ces couleurs vives, ces lumières se reproduisant sur les pittoresques décors, les fleurs, les jeunes femmes aux comptoirs, ou circulant dans les allées avec leur petite écharpe bleue ou rose, attachée au bras, forment une scène ravissante. Et quand il y a des habits noirs pour servir d’ombre et mettre le tout en relief, je vous assure que le tableau est parfait.

La foule est là bruyante, amusée : on s’aborde sans se connaître, — le bon prétexte que ces billets de loterie pour se voir de plus près ! — on se groupe, on rit, on