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Ce n’est pas seulement manquer de charité envers les autres, c’est aussi en manquer envers soi-même.

Il est inutile de nourrir et d’aviver constamment une douleur par l’évocation constante des souvenirs qui s’y rattachent.

Vous énervez votre sensibilité, pour vivre dans un passé qui ne sert plus, quand le présent, l’avenir, ont autrement besoin de votre courage et de votre énergie.

Quand le malheur a frappé une famille, il est naturel que les premiers jours qui suivent cette terrible visite pèsent lourdement à tous ses membres. Mais il ne faut pas pour cela demeurer affaissé sous le poids, et chacun doit s’efforcer de rendre moins pénibles les rapports de tous les jours.

Ce n’est pas cela qui fait l’oubli ; loin de là : les souvenirs tristes ou joyeux sont de douces fleurs auxquelles on ne doit pas trop toucher avec des mains profanes, de peur de les flétrir.

Tous nos efforts devraient tendre à nous rendre la vie agréable les uns aux autres, même au prix de quelque sacrifice. La paix et le bonheur sont choses si précieuses, qu’elles valent bien quelques légers actes de renoncement de notre part…

Dites-moi un peu sur quelle herbe ai-je marché ce matin ? J’ai perdu le manuscrit de ma chronique, et, en échange, je vois donne un sermon.

Heureusement que vous pouvez vous dédommager en faisant ce qui nous arrive parfois, pendant une ennuyeuse prédication : dormir !