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Mais, nous voici au trente-un octobre, Hallow-E’en, comme l’appellent les Anglais.

Les superstitions populaires ont donné à ce jour un caractère particulier : car, il n’y a pas un autre jour dans l’année, je crois, auquel il soit attaché un plus grand nombre de pratiques superstitieuses.

C’est ce soir que les charmes et les philtres font le plus d’effets et que l’art divinatoire révèle ses secrets avec les meilleurs succès.

De plus, on assure que les enfants venant au monde la veille de la Toussaint, sont capables de voir et de converser avec les fées, les esprits et les sorciers.

C’est en Angleterre et en Écosse surtout, que ces croyances sont le plus universellement reconnues. C’est dans ces pays, d’ailleurs, qu’elles ont pris leur origine, pour se répandre ensuite dans les autres parties du monde.

Comment ont-elles traversé les mers, et, comment surtout, les retrouvons nous dans les campagnes canadiennes les plus éloignées des grands centres, là, où, depuis un temps immémorial, on ne trouvait pas une famille anglaise à plusieurs lieues à la ronde, c’est ce que j’ignore.

Je constate seulement que, d’aussi loin que date le réveil de ma mémoire, je me rappelle avoir vu célébrer le premier novembre par des conjurations innocentes et des pratiques superstitieuses. Et on tenait ces coutumes de nos mères, qui les tenaient elles-mêmes de celles qui les avaient précédées.

En fermant les yeux, aujourd’hui, il me semble encore repasser devant mon esprit toutes les scènes d’alors : la grande salle pleine de lumière : le bon feu flamboyant au craquement de ses bûches de bois : les épais rideaux bien tirés devant les fenêtres, tandis que le vent soupirait et que la pluie, souvent la neige, faisaient rage au dehors.