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Page:Barsalou - Ryno.pdf/89

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j’ai beaucoup souffert et par conséquent beaucoup réfléchi. — Tu le sais, j’ai dans l’âme une large blessure que rien n’a pu cicatriser. — Si je suis restée dans la vie régulière, malgré de vigoureuses envies de m’élancer au dehors, c’est moins à mon mari et à mes enfants que je le dois, qu’à un goût très-prononcé pour le recueillement et la solitude. — Mais ce qui m’a surtout sauvegardée contre les passions, c’est d’avoir, dans ma première jeunesse, éprouvé de si grandes douleurs que je suis entrée dans la vie comme les autres en sortent : le cœur plein de dégoût et l’âme d’amertume.

Il est vrai que j’ai trouvé une grande douceur dans l’accomplissement austère de mes devoirs de famille. — J’ai employé dans mon intérieur ce qu’il me restait de force et d’énergie ; chaque pas que je faisais dans