Aller au contenu

Page:Barthélemy, Méry - L’Insurrection, 1830.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Maintenant, à minuit, dans ces lugubres scènes,
Attendons pour fanal les bombes de Vincennes13 ;
Ce Roi nous les promet ; un Roi tient son serment :
Il est beau de mourir dans un embrasement.
Que la cour de Saint-Cloud monte à son capitole
Pour contempler Paris sous l’ardente coupole !
Ils ne l’ont pas osé. Respirons : le jour luit,
Le soleil semble rire à nos travaux de nuit ;
Tout le ciel est d’azur. Que la bataille immense
Sur les quais, sur les ponts, sur les toits recommence ;
L’homme que notre espoir embrassait en rêvant,
Lafayette a paru comme un drapeau vivant14 ;
À ce nom répété sous le canon qui tonne,
Tout Paris sur les ponts se déroule en colonne ;
Le quai sonore vibre aux appels du tambour ;
En face est l’ennemi : dès la pointe du jour,
Profanant des beaux-arts la solennelle voûte,
Les Suisses ont changé le grand Louvre en redoute ;
Masqués par la colonne au gigantesque fût,
Soldats d’un roi chasseur, ils guettent à l’affût
Le vieillard désarmé, qui d’une voix plaintive
Demande un fils tombé sur la sanglante rive.
Paris devant leurs feux plante ses étendards :
Par le pont de Henri, par le palais des arts,
Sur l’ardente mitraille il s’élance, et découvre
L’ombre de Charles-Neuf sur le balcon du Louvre.
Au Louvre, citoyens ! À ces cris éclatans15
Tout le quai resplendit du feu des combattans ;