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Page:Barthélemy, Méry - L’Insurrection, 1830.djvu/25

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Monte aux toits de St-Cloud, chasse ton faux prophète ;
Il ne t’a pas prédit la sanglante comète,
Ce drapeau que trente ans la Liberté soutint,
Et qui brille au château quand un règne s’éteint.
Paris a triomphé ! que nos chants retentissent,
Que nos cœurs, que nos mains, que nos bouches s’unissent !
Quel songe de trois jours ! quel peuple ! quel réveil !
Notre étendard proscrit reluit sous le soleil ;
Tout un peuple affranchi d’une si longue attente
Bat des mains, à l’aspect de l’idole flottante.
France ! comment trouver un assez digne prix
Pour acquitter ta dette aux sauveurs de Paris,
Aux jeunes artilleurs transfuges de l’école,
Qui sur nos ponts en feu ressuscitaient Arcole ;
À ces forts citoyens dont l’héroïque main
Signa, devant la mort, l’appel du lendemain ?

Oh ! que sur les frontons, les lambris et les dalles,
Subsiste à tout jamais le stigmate des balles ;
Que de profanes mains tremblent de rebâtir
Le mur qui s’écroula teint du sang d’un martyr ;
Que les troncs effeuillés des larges promenades,
La poudre qui noircit les hautes colonnades,
Les pavés protecteurs par le temps affermis,
Que tout ait une voix contre nos ennemis !