Dans le calme d’effroi qui succède au canon,
S’il entend près de lui retentir un grand nom,
Un nom de liberté qui rassure et console,
Il fait un piédestal à sa nouvelle idole,
Et vers des jours nouveaux pressé de rajeunir,
Il lui livre d’espoir son douteux avenir.
D’Orléans ! quand sur nous l’astre des dangers brille,
Il est temps de quitter ton sceptre de famille ;
Viens, de tous les pouvoirs le faisceau se dissout ;
Dans les débris royaux ton nom seul est debout ;
Ceux même qui, depuis le foudroyant Brumaire,
Rêvaient la République, enivrante chimère,
Assourdis par l’orage après trois jours de deuil,
De ton palais désert interrogeaient le seuil.
Tu parus : aussitôt éteignant sa colère,
Le peuple salua le prince populaire.
Il te connaît ; ta vie a fait ses entretiens ;
Nos enfans dans leurs jeux ont tutoyé les tiens,
Le peuple est leur menin ; sur les bancs des collèges
Il voit Chartre et Nemours s’asseoir sans privilèges ;
Il sait que d’Orléans se mêlant au convoi,
Suivit la France en deuil à la tombe de Foy ;
Que jamais on ne vit se grouper à ta suite
L’insidieux manteau d’un confesseur jésuite ;
Il se souvient surtout, car ces faits éclatans
Électrisent son cœur même après quarante ans,
Que la liberté sainte, à sa première aurore,
Attacha sur ton front un rayon tricolore ;
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