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Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Du bouddhisme.djvu/14

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l’occasion d’un premier ouvrage de M. E. Burnouf, intitulé : Introduction à l’histoire du Bouddhisme indien. Aujour d’hui, en étudiant son ouvrage posthume, je veux rendre un nouvel hommage à ses travaux et à son génie. J’ai eu l’occasion une première fois de dire toute l’estime que le monde savant doit en faire[1] ; mais ses mérites sont d’un tel ordre, et peuvent être d’un si utile exemple, qu’on ne saurait en répéter trop souvent l’éloge. Ce n’est pas seule ment une justice reconnaissante ; c’est de plus un moyen de provoquer des imitations fécondes, et de continuer en quelque sorte les leçons du maître ravi trop tôt à son enseignement. Ce que j’ai loué dans les recherches de M. E. Burnouf, c’est moins encore l’importance et la certi tude des résultats obtenus que la méthode à la fois péné trante et circonspecte à l’aide de laquelle il les obtenait. Il a toujours su demeurer dans son rôle de philologue, et malgré des exhortations pressantes que lui adressaient les juges les plus éclairés et les plus bienveillants, il n’a jamais voulu en sortir, pour entrer sur le terrain périlleux de l’histoire. Il s’est borné dans toute sa laborieuse carrière à traduire, à déchiffrer, à interpréter, à analyser des mo numents ; et il a su ne pas aller au— delà, quoiqu’il ait dû bien souvent être tenté de franchir ces limites. Il n’a point obéi à des impatiences que peut— être il ressentait lui même quelquefois, mais que surtout on ressentait autour de lui. Il y a des esprits un peu trop prompts qui ne se contentent pas des magnifiques conquêtes qu’a déjà faites la philologie sanscrite, et qui, peu soucieux d’avoir vu s’ouvrir dans l’espace d’un demi-siècle la littérature brahmanique depuis les Védas et les systèmes de philosophie

  1. Journal des Savants, 1852, cahiers d’août et de septembre, pages 473 et 561.