Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Du bouddhisme.djvu/15

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 5 —

jusqu’aux drames et aux poésies légères, la littérature bouddhique du nord et du sud, depuis les Soûtras dépositaires de la parole du réformateur jusqu’aux traités de métaphysique, voudraient encore qu’on leur apprît déjà l’histoire de ces temps reculés, comme on peut leur apprendre celle d’Alexandre et d’Auguste.

M. E. Burnouf n’a point cédé à ces entraînements ; et cette prudente réserve fait le plus grand honneur à son carac tère scientifique. On ne peut rien dire aujourd’hui que de très-incomplet et de très-vague sur des origines qui se per dent dans la nuit des temps. A quelle date, dans quel temps précis ont été composés ces ouvrages que la philo logie explique ? par quels auteurs ? dans quels pays ? sous quels princes ? Quelle suite d’événements se sont succédé dans ces époques lointaines et obscures ? Ce sont là des questions du plus haut intérêt sans doute, qu’on pourra résoudre plus tard, mais qui sont aujourd’hui prématu rées. A l’heure qu’il est, il est impossible d’y répondre ; et tenter même une solution, c’est vouloir s’exposer à d’inévitables mécomptes. Ce que doivent faire à présent les intelligences sérieuses et sages, c’est d’étudier les mo numents, qui eux aussi sont des faits ; c’est de les com prendre dans toutes leurs difficultés, et d’éclaircir les té nèbres de langues encore peu connues. C’est là un terrain solide, où l’on peut faire les pas les plus assurés et recueil lir des fruits certains. Mais, hasarder des considérations générales dans un sujet qui ne comporte encore que des vues de détail, c’est risquer de ne poursuivre que des hypothèses et de mettre trop souvent l’imagination à la place de la science. C’était la conviction profonde de M. E. Burnouf, et c’est elle qui l’a guidé, comme elle l’a soutenu, dans ses labeurs incessants, qui devaient abréger sa vie. Il est d’autant plus louable d’y être demeuré fidèle,