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mouni, l’auteur des Soûtras, qui forment selon lui un corps de doctrine appelé Agama ou Castra. Il connaît d’ail leurs assez précisément les quatre écoles principales entre lesquelles se sont partagés les Bouddhistes qui ont fait usage du sanscrit pour fixer et propager leurs croyances. Enfin, il connaît aussi la théorie du Nirvâna, qu’il signale comme une des opinions spéciales de cette secte ( 1), sans d’ailleurs lui accorder l’importance capitale que la religion bouddhique lui donne.

Ainsi, on le voit, Colebrooke lui— même, en 1827, époque où il lisait ce mémoire à la Société royale asiati que de la Grande-Bretagne et de l’Irlande, ne savait pres que rien du Bouddhisme. Il n’avait aucune notion précise sur la vie du Bouddha, sur la révolution qu’il avait accom plie dans le monde indien, sur les lieux où il avait d’a bord prêché sa doctrine, sur les ouvrages originaux qui la renfermaient, sur l’époque où il avait paru, et sur le rap port exact de sa croyance à la croyance brahmanique. Pour lui Çakyamouni est un philosophe comme un autre ; il cherche à reconstruire son système, bien qu’il n’en ait que des fragments insuffisants, comme il a reconstruit ceux de Kapila ou de Djaïmini. En un mot, le réforma teur tout entier lui échappe, et la grandeur de sa tentative si hardie et si profonde n’apparaît pas dans les détails, assez exacts d’ailleurs, mais fort incomplets, que lui consa cre l’illustre indianiste. Si Colebrooke n’a pas fait plus, c’est qu’au moment où il écrivait, il était impossible de faire davantage.

Mais quelle prodigieuse distance entre ce qu’on savait alors, et ce qu’on sait aujourd’hui ! et que de faits nous ont appris ces vingt-cinq années à peine, écoulées depuis