Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/108

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que les Dieux la lui envieraient, si les Dieux pouvaient être jaloux. De plus, la Philosophie première est si bien la science du divin, pour Aristote, qu’il n’hésite pas à l’appeler aussi la Théologie. Avant lui, quelques philosophes, qu’il nomme les Théologues, paraissent avoir eu la môme tendance, bien qu’ils rapportassent l’origine des choses et la naissance du monde à la Nuit et au Chaos. Mais le souvenir de leurs opinions remonte si loin dans le passé qu’il est à peu près oublié. Aristote reprend une tradition effacée ; et la Philosophie première peut recouvrer, grâce à lui, un beau nom, sous lequel on ne la connaissait plus, et qu’elle pourrait encore revendiquer légitimement.

Aristote est pénétré d’admiration pour la nature ; et plus il étudie ses œuvres, plus cette admiration augmente. Il sait, sur les êtres, sur leur organisation, sur leurs espèces, sur leur vie, sur leurs mœurs, tout ce qu’il est possible de savoir de son temps ; dans l’histoire des sciences, personne, non pas même Linné, Buffon, Cuvier, n’a montré plus de passion, ni plus de sagacité, pour