Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/109

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ces vastes recherches. Les siècles ont fait bien des progrès ; mais ils n’ont pas produit un savant, ni plus appliqué, ni plus clairvoyant. Les regards portés aujourd’hui sur le monde ont beaucoup plus d’étendue et descendent beaucoup plus profondément ; mais ils ne sont pas plus perçants. Souvent même, Aristote exprime le sentiment qui l’anime en des termes dont la vivacité contraste avec la froide austérité qui lui est ordinaire. C’est lui le premier qui a dit et répété sous toutes les formes que « La nature ne fait rien en vain ». L’homme est donc toujours amplement payé des labeurs qu’il lui consacre ; en cherchant à la comprendre, il n’a pas à craindre de poursuivre une énigme sans mot. Tout en elle a un but ; tout a un sens ; et ses ténèbres, aussi bien que ses merveilles les plus éclatantes, sont un aiguillon pour la curiosité insatiable dont nous sommes, parmi tous les êtres, les seuls à être doués. Aussi, avec quel transport d’enthousiasme Aristote n’exalte-t-il pas cette grande parole d’Anaxagore, déclarant, au milieu de ses contemporains égarés, que le monde est régi par