Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/110

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une Intelligence ! Avec quel dédain ne repousse-t-il pas ces systèmes déplorables qui veulent rapporter tous les phénomènes de l’univers à un aveugle hasard, et qui en réduisent la constante succession à une suite d’épisodes défectueux, comme ceux d’une mauvaise tragédie ! De là encore, l’horreur qu’Aristote ressent pour ces autres doctrines non moins fausses, qui attribuent l’origine des choses à la Nuit, au Chaos, au Néant.

D’ailleurs, il ne se fait pas d’illusion en sens contraire ; et, fidèle à la modestie socratique, s’il connaît les grandeurs de l’intelligence humaine, il en connaît aussi les lacunes et l’infirmité. Tout est intelligible dans la nature ; mais ce n’est pas à dire que nous puissions tout y comprendre. Quand l’homme essaye de s’élever à Dieu, il lui sied mieux que jamais de montrer cette réserve et cette humilité, que recommande la vraie philosophie. Mais, tout en ayant cette prudence et cette sagesse, Aristote proclame hautement que tout dans l’univers tend au bien, et que le bien est la raison dernière des choses et leur cause finale. Platon l’avait déjà dit, en