Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/115

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ce qu’elles sont. Le mouvement qu’il imprime à l’univers est le mouvement circulaire, parce que le mouvement circulaire est le seul qui se suffise, et qui puisse recommencer perpétuellement, sans s’interrompre jamais, toujours le même, toujours uniforme.

Tout cela est bien grand ; et l’on croirait, à deux mille ans d’intervalle, entendre déjà Newton, à la fin des Principes mathématiques de la philosophie naturelle, concluant à l’existence nécessaire d’un premier moteur. Mais Aristote ne se borne pas, comme le fait Newton, à cette affirmation trop générale. Il tente de pénétrer jusque dans la nature intime et l’essence de Dieu. C’est le Saint des Saints pour la philosophie, aussi bien que pour les religions ; et Aristote, y portant le ferme regard qu’il a porté sur le monde des choses sensibles, explique Dieu par l’acte pur, l’acte éternel de l’intelligence. L’Intelligence ne s’adresse jamais qu’au meilleur, et l’Intelligence la plus parfaite ne peut s’adresser qu’à ce qu’il y a de plus parfait. Dieu, qui est l’être éternel et parfait, ne peut donc éternellement penser qu’à lui seul, c’est-à-dire à sa propre