Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/138

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Aristote, on doit lui en reconnaître une autre. Il a rattaché indissolublement l’existence de Dieu à l’existence et à la pensée de l’homme. Sans sortir de l’enceinte de l’âme, il a pu établir cette preuve définitive, que d’autres n’ont demandée qu’au spectacle du monde extérieur. Le Cœli enarrati gloriam Dei est à l’usage des philosophes, aussi bien que de la foule ; et la théorie du premier moteur, dans Aristote, n’est pas autre chose que la traduction philosophique du sentiment commun de l’humanité. Mais, la preuve cartésienne nous est bien autrement intime, puisque, grâce à elle, l’athéisme devient la négation de notre propre existence, en même temps que la négation de Dieu. De l’être fini que nous sommes, et que nous sentons en nous, quand nous y rentrons, ne serait-ce que quelques moments, la raison remonte à l’être infini, d’où nous venons, et de qui, par conséquent, viennent aussi toutes choses. De l’idée que nous en avons, nous concluons à son existence nécessaire ; car il serait contradictoire qu’il nous eût accordé la pensée