Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/148

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humaine. les épopées brahmaniques ont chanté l’absorption de tous les êtres dans l’être unique et infini ; la Bhagavad-Guità (10) serait l’antécédent direct et l’ébauche du Spinozisme, si Spinoza avait pu la lire, avec les livres du Talmud et de la Cabale. Le mysticisme sans frein des Mounis hindous, ou des Arhats bouddhistes, a commis ces excès fanatiques, auxquels la solitude pousse des esprits vigoureux et méditatifs. La vie de Spinoza est fort honorable ; il a été un modèle de résignation, vertueuse et de constante spéculation ; mais s’il avait moins vécu avec lui-même, et qu’il eût pratiqué davantage les hommes et les choses, il est peu probable qu’il eût enfanté un système où il les défigure si étrangement les uns et les autres. Le spectacle des affaires humaines, vu de plus près, ne lui aurait pas permis de nier aussi résolument la liberté de l’homme, et de faire de nous, non pas même les instruments, mais les simples manifestations de Dieu. Renfermé sans cesse dans la prison de