méthode, si ce n’est précisément le système de la science elle-même ». Il était difficile de se tromper plus complètement, on pourrait presque dire, plus lourdement.
A l’écouter, la Critique doit restreindre l’usage de notre raison au lieu de l’étendre. C’est très bien ; mais voyez comme Kant restreint les audaces de cette raison effrénée, qu’il veut soumettre au joug ! Il l’autorise à révoquer en doute ces simples choses et ces banales croyances : L’âme, la liberté, Dieu ; et il ne lui permet d’ajouter foi qu’au devoir, qui cependant ne repose plus que sur un absolu néant, du moment que l’on ne peut croire ni à Dieu, qui a fait la loi morale, ni à la pensée, qui la comprend, ni au libre arbitre, qui l’accomplit héroïquement, à travers tous les sacrifices. Si c’est là restreindre la raison, qu’est-ce donc que lui lâcher la bride ? On a dit que Kant avait commis une généreuse inconséquence [1] ; mais il vaut mieux n’être pas inconséquent, quand on peut, avec si peu de peine, éviter
- ↑ Voir M. Victor Cousin, Histoire de la philosophie, leçon Xe, pp. 557 et suiv., Édition de 1872.