Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/157

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qui va jusqu’à la plus étonnante naïveté. Il demande, pour la Critique de la Raison pure, la faveur des gouvernements, parce que « la Critique est le seul moyen de couper les racines mêmes du matérialisme, du fatalisme, de l’athéisme, de l’incrédulité, du fanatisme, et de la superstition, enfin, aussi celles de l’idéalisme et du scepticisme ». Pas un gouvernement n’a répondu à une invitation peu opportune et peu philosophique. La Convention seule a honoré Kant du titre de citoyen français. Mais il n’est pas probable que l’assemblée révolutionnaire entendît assurer sa protection aux théories de la Critique, qui devaient lui être assez peu familières, puisque, vingt ou trente ans plus tard, elles étaient à peine connues de quelques penseurs en France.

Quant à couper les racines de l’idéalisme, le philosophe a pu voir personnellement ce qu’il en était par l’Idéalisme transcendantal de Fichte, conséquence directe de la Critique de la Raison pure. Jamais l’idéalisme n’avait été poussé à cet excès, pas même par Berkeley. Mais si Fichte avait