Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/168

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t-on pas emporter, quand les mœurs sont encore grossières et farouches ? L’ardeur même des convictions redouble la cruauté des supplices, et l’on en arrive à punir par le fer et le feu des opinions qui méritaient à peine d’être discutées dans les écoles, d’où elles ne sortaient pas. A cette cause, s’en ajoutait une autre presque aussi puissante. La religion, qui n’occupait dans les sociétés antiques qu’une place subordonnée, avait usurpé la première dans les sociétés issues des débris de l’Empire romain. L’Europe a été sur le point de devenir une théocratie ; l’Église a été, pendant quelque temps, la souveraine dispensatrice des couronnes et l’institutrice des sciences. Aussi, a-t-elle subi l’influence fatale que le pouvoir, quand il est absolu, a toujours sur la fragilité humaine, de quelque caractère auguste qu’elle soit revêtue. La Tiare n’exempte pas de ces ivresses et de ces défaillances. Si les Césars, tant accusés, livraient les martyrs aux bêtes du Cirque, l’Église livrait aux flammes les hérétiques et les libres penseurs. Les vindictes de l’orthodoxie avaient peut-être