Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/185

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utile à l’humanité. Ce n’est pas précisément à l’humanité que parle le philosophe ; c’est surtout à lui-même, comme le faisait Marc-Aurèle. Pour peu qu’on ait dans le cœur le sentiment du bien, on peut révérer les sages ; mais on ne jure pas en leur nom. Aussi, l’on peut se le demander : Est-il au monde rien de plus ridicule que la philosophie consentant à rédiger un catéchisme, comme on l’a essayé dans les temps troublés de notre Révolution, ou même s’essayant à fonder un culte, comme celui de la Théophilanthropie, qui, en dépit de bonnes intentions, a échoué misérablement, sous la réprobation et l’ironie universelles ?

Tout ceci doit nous faire voir dans quel abîme tombe la philosophie, quelle entreprise impraticable et illégitime elle poursuit, quand elle projette de se substituer à la religion. Elle ne l’a tenté un peu sérieusement qu’au siècle dernier, si toutefois il n’y a pas une complète méprise dans la pensée qu’on lui prête. La philosophie du XVIIIe siècle n’est pas, à proprement dire, de la philosophie ; c’est une croisade ardente,