Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/210

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première et à la bannir de son sein. La Philosophie première ne souffre en rien d’un exil immérité ; mais la vérité en souffre beaucoup ; la science se donne un tort et commet une erreur, qui la diminue, loin de la rehausser.

A ce désaveu, il n’y a que deux explicalions possibles. Ou l’on croit que l’esprit ne peut pas s’observer lui-même immédiatement ; ou l’on croit que la science ne s’appuie que sur l’observation extérieure et suila sensation. Mais ces deux assertions sont également insoutenables et fausses. L’esprit s’observe lui-même plus facilement, et plus fréquemment, qu’il n’observe quoi que ce soit d’extérieur. Sans faire de la psychologie, tant redoutée, la science peut se convaincre de cette vérité, par les hésitations et par les doutes qu’elle éprouve constamment dans ses recherches, et qu’elle ne se fait pas faute de constater, toutes les fois qu’elle le croit nécessaire. L’esprit, pour ses œuvres les plus impersonnelles, doit à tout instant s’occuper de lui-même, à côté de l’objet étranger, qui l’occupe sans l’absorber.