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Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/242

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voir, quelle origine est digne de toi ? Où trouver la racine de ta noble tige ? » Puis Kant ajoute : « La majesté du devoir n’a rien à démêler avec les jouissances de la vie ; elle a sa loi propre ; elle a aussi son propre tribunal [1]. »

Les racines de la loi morale ne sont peut-être pas aussi éloignées, ni aussi cachées que Kant paraît le penser. Ce n’est pas l’homme qui a fait la loi morale, puisqu’il ne peut l’abolir, quelque désir qu’il en ait, quand elle le condamne aux tortures d’une existence pire que la mort. Mais une loi suppose nécessairement un législateur ; et, ici, le législateur tout-puissant et souverain ne peut être que Dieu. C’est donc à Dieu, directement, que nous rattache la loi morale, dont nos législations ne sont jamais qu’un pâle reflet et un insuffisant écho. Admettre par une hypothèse invérifiable que les animaux sont, aussi bien que nous, éclairés de ces lumières surhumaines, et qu’ils se conduisent à cette splendeur, c’est un roman qui peut

  1. Kant, Critique de la raison pratique, Mobiles de la raison, p. 269, traduction Barni.