Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/246

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que nous ne pouvons nous en remettre à personne du soin de les résoudre à notre place. C’est à chacun de nous individuellement qu’il appartient d’en chercher la solution, en se garantissant, le mieux qu’il peut, des égarements de sa raison ou des faiblesses de son cœur. C’est ce sentiment plus ou moins réfléchi, ce besoin de s’entendre avec soi-même et de se connaître, qui a poussé vers la philosophie tant d’esprits admirables, et qui ne cessera d’y pousser à jamais tous ceux qui seront aussi indépendants, et aussi sincèrement amoureux du vrai. On ne sortira pas de ce dilemme : ou la vie de l’homme a un sens, ou elle n’en a pas. Si la vie n’a pas de sens, nous n’avons, en effet, qu’à nous livrer à tous nos instincts, moins sûrs que ceux des brutes ; ou, si la vie signifie quelque chose, notre premier devoir est d’étudier ce que nous sommes, et quel destin est le nôtre.

Ici, nous rencontrons un redoutable écueil, que la philosophie même n’a pas toujours su éviter, et sur lequel se sont brisées presque toutes les religions : c’est la superstition.