Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/30

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était encore bien obscure et bien vague. Il en faisait bien le comble et le faîte des autres sciences ; mais il ne précisait pas ce qu’elle leur empruntait, et ce qu’elle pouvait leur donner en retour. C’était, selon lui, la partie la plus difficile de la philosophie, parce qu’elle ne s’attachait qu’aux choses intelligibles et repoussait toutes les données sensibles. Mais, souvent aussi, ces conceptions élevées s’abaissaient ; et la Dialectique se réduisait à n’être que l’art assez vulgaire d’interroger et de répondre. La Dialectique était donc quelquefois près de devenir la Philosophie première. Mais l’intervalle qui les séparait ne fut pas franchi, et c’est Aristote qui acheva l’œuvre imparfaite de prédécesseurs nombreux et illustres.

Une autre circonstance encore l’a favorisé. La philosophie Grecque, dans toute sa durée, n’a jamais eu auprès d’elle une autorité ombrageuse et persécutrice, qui prétendît lui imposer violemment des solutions toutes faites, dont elle ne devait pas s’écarter. Il n’y a jamais eu, dans son sein, ces discussions déplorables, et parfois homicides,