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Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/31

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où la raison et la foi religieuse ont été aux prises. Dans la Grèce, la pensée a joui d’une absolue liberté, parce qu’elle n’a pas connu de livres sacrés, gardiens du dogme national ; rien ne l’a gênée, depuis les temps de Lycurgue et de Solon jusqu’à ceux de Justinien, fermant, au nom de la religion, les écoles d’Athènes. Si, dans l’Antiquité, quelques philosophes ont été frappés, ce n’était pas par intolérance, comme ce fut plus tard. Ils étaient les victimes d’inimitiés individuelles, qui assouvissaient leurs vengeances ; ou bien l’ordre public, troublé par des imprudences, exigeait un châtiment, d’ailleurs plus ou moins justifié. Mais jamais dans le monde hellénique, pendant plus de douze cents ans, personne ne fit à la raison humaine l’insulte de douter d’elle, et de la persécuter pour des croyances qu’elle n’acceptait pas. Aristote a profité de cette liberté comme tout le monde ; mais il a défini et compris la philosophie mieux que qui que ce soit avant lui, et il l’a pratiquée avec une sécurité imperturbable, que Descartes n’a pas goûtée au