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Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/35

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Sans doute encore, il y a dans l’univers, dans le monde, des proportions et des harmonies, comme il y en a dans les sons que calculent les mathématiques. Mais conclure de là que le nombre est l’essence des choses, qu’il en est la substance, et même la matière ; que le nombre est l’élément de tout, parce qu’il se trouve partout, c’est non seulement une conséquence hasardée ; c’est, de plus, une assertion insoutenable. Il en résulterait que tous Ies êtres se confondraient, essence et matière, dans une apparente unité, qui semble les expliquer tous, et qui, réellement, n’en explique aucun. Les corps, que nous montre la nature, ne sont pas simplement doués d’unité. Ils ont aussi étendue, pesanteur, et légèreté relatives. Le nombre, immuable comme il est, toujours identique à lui-même, peut-il, en tant qu’élément essentiel des corps, leur communiquer des qualités qu’il n’a pas ? Le nombre est-il étendu ? Est-il pesant ? A-t-il les trois dimensions ? Et, s’il ne possède rien de tout cela, comment pourrait-il rendre raison de choses avec lesquelles il a si peu de rapport ? Le nombre est