Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/77

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Pour venger le bon sens, ils immolaient au ridicule des doctrines qui l’affrontaient insolemment. Les argumentations dérisoires de l’Euthydème valent bien les bouffonneries d’Aristophane ; et l’indignation du Gorgias n’est que l’écho de la conscience humaine, protestant contre les corruptions de cette morale relâchée. Aristote partage tous ces sentiments ; il les pousse peut-être même au-delà des bornes. Parmi les Sophistes qu’il poursuit, il comprend des personnages que nous n’y comptons pas habituellement. Passe pour Parménide et Protagore, passe pour Héraclite et Cratyle, partisans exagérés du flux perpétuel des choses. Mais Empédocle, Démocrite, et surtout Anaxagore, ne sont pas à mettre en une telle compagnie. Empédocle n’est pas très coupable pour avoir pensé que « Ce sont les choses présentes qui agissent sur nous le plus vivement ». Anaxagore ne l’est guère davantage, pour avoir dit à quelques-uns de ses amis que « Les choses ne seraient jamais pour chacun d’eux que ce que leur jugement voudrait bien les faire ». Mais c’est