Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/80

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par toutes ces assertions contraires qui se multiplient, chaque jour, dans les discussions philosophiques.

Aristote est trop impartial et trop sage pour ne pas reconnaître les droits de la sensation. Il accorde que l’apparence est pour chacun de nous ce qu’elle nous apparaît. Mais ce n’est pas elle qui est la vraie mesure des choses ; et il limite les droits de la sensation par la sensibilité même. Un sens rectifie les informations d’un autre sens ; et, d’une première information, nous en appelons à une seconde, qui la redresse. On connaît cette expérience, cent fois répétée, où un de nos doigts, glissé sous le doigt voisin, nous donne la sensation de deux objets là où il n’y en a qu’un. Du sens du toucher, on en appelle au sens de la vue, qui nous certifie qu’il n’y a qu’une seule boule et non deux ; et nous nous en rapportons au témoignage irrécusable de nos veux. La sensation ne se trompe jamais sur son objet propre ; ce qui nous trompe, c’est la conception que nous nous en formons. Mais il n’est pas un sens qui, au même moment et sur une même