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Page:Barthélemy-Saint-Hilaire - Métaphysique d’Aristote, tome 1, 1879.djvu/81

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chose, vienne nous apprendre qu’elle est, et, tout ensemble, qu’elle n’est pas. La vue elle-même, qui paraît le plus fidèle de nos sens, peut nous tromper quelquefois et dans certaines circonstances ; mais elle ne nous trompe que quand nous le voulons bien. Ainsi, en pressant un peu le globe de l’œil d’une façon spéciale, les objets paraissent doubles ; la pression venant à cesser et l’organe reprenant son état naturel, les objets nous apparaissent simples de nouveau, comme ils le sont réellement. La pression les avait dénaturés ; ils reprennent, par notre volonté, leur nature, qu’une action étrangère avait métamorphosée.

Sans même qu’il y ait intervention d’une force extérieure, nous changeons, nous aussi, à tout moment. Telle chose que nous aimions naguère nous répugne à un autre moment. Non seulement le vin, qui semble doux à l’un, semble amer à un autre ; mais le même individu, qui, dans telle disposition, goûtait ce vin, ne peut plus le souffrir dans telle autre disposition. Est-ce la liqueur qui a changé ? Nullement ; elle est restée ce qu’elle