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BULLETINS DES RELIGIONS DE L’INDE

III

BOUDDHISME

(Revue de l’Histoire des religions, t. XLI [1900], p. 166 et ss.)

[166] Comme dans les précédents Bulletins, je continuerai dans celui-ci à traiter séparément du bouddhisme du Nord et de celui du Sud, mais seulement pour la littérature et après m’etre débarrassé d’abord des travaux et des découvertes archéologiques qui ont plus spécialement porté sur les origines. Cette division est en effet commode et conforme aux faits, à considérer le bouddhisme actuel et les collections des écritures sacrées telles qu’elles nous sont parvenues : elle répond en somme aux deux grandes branches de la religion, le hînayâna et le mahâyâna. Mais elle est inexacte et peut devenir fausse, si on l’applique aux anciens temps. Les bouddhistes eux-mêmes l’ont toujours ignorée ; en fait de divisions, ils n’ont jamais connu, outre celle en sectes ou « écoles », que celle des deux (parfois trois) yânas ou « véhicules », et, pour la longue période durant laquelle la religion a été florissante dans l’Inde, ce sont les bouddhistes qui ont raison. Jusqu’à un certain point, ces divisions étaient bien régionales : certaines écoles étaient représentées par des communautés plus nombreuses dans certaines contrées ; mais elles n’étaient particulières à aucune. Même à Ceylan, où paraît s’être établie de bonne heure une orthodoxie plus jalouse, il y avait encore au ve siècle de notre ère des Mahîçâsakas à côté des Theravâdins[1], et toutes les sectes [167] se rencontraient dans le Madhyadeça, « le pays du milieu », qui avait été le berceau du bouddhisme et en resta jusqu’à la fin le principal foyer. On ne saurait douter, par exemple, que le canon pâli, qui est celui des Theravâdins, même s’il s’est achevé à Geylan, n’ait été constitué dans l’Inde du Nord et n’y ait eu, sous une forme à peu près sem-

  1. Introduction du commentaire du Jâtakâ, I, p. 1, vers 10 ; et Fa-hian de Legge, p. 111.