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Page:Barth - Œuvres, tome 2.djvu/313

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BULLETIN DE 1899-1902. III

blable, une longue destinée. Il semble même que M. Bendall en ait, tout récemment, retrouvé des fragments au Népal[1]. Quant aux deux « véhicules », d’une parties doctrines du mahâyâna avaient plus ou moins pénétré partout et dans toutes les écoles, sauf chez les Theravâdins de Ceylan, — le témoignage du pèlerin chinois I-tsing est formel à cet égard[2] — et, d’autre part, comme il résulte des statistiques fournies par son devancier Hiouen-tsang, le hinayâna non seulement n’était pas en train de disparaître dans l’Inde, mais y était encore numériquement prépondérant à la fin du viie siècle. Les sectateurs de l’un ne s’interdisaient nullement d’étudier les livres de l’autre ; à plus forte raison les étrangers, qui venaient dans l’Inde pour chercher des textes, les acceptaient-ils de toutes mains. Il y a trente ans déjà que M. Feer a montré que la collection tibétaine renfermait un certain nombre de textes traduits directement sur le pâli[3] et, plus récemment, M. Takakusua signalé dans le canon chinois des morceaux de même provenance[4]. Et ce ne sont pas là seulement des résultats d’un syncrétisme tardif : des faits semblables et bien autrement significatifs se constatent dès les plus anciens documents.

Déjà Burnouf avait noté de nombreux parallélismes de toute sorte entre les écritures du Sud et celles du Nord, et il eût été sans nul doute bien plus loin dans cette voie s’il lui avait été donné d’achever son œuvre et de faire pour le canon pâli ce qu’il a fait pour les livres du Népal. Il avait notamment établi[5] que, départ et d’autre, ici sous le nom de nikâya, là sous celui d’âgama, la collection des sûtras se composait de [168] quatre (ou cinq) recueils fondamentaux[6]. Depuis, ces rapprochements se sont multipliés. Chaque publication de documents, chaque nouvel examen des sources a

  1. Journ. Roy. As. Soc. Londres, 1889, p. 421.
  2. A Record of the Buddhist Religion, trad. Takakusu, pp. 11 et 14.
  3. Journ. asiatique, mai-juin 1870, p. 353. Cf. du même, Analyse du Kandjour (Annales du Musée Guimet, II), p. 288.
  4. Pâli Elements in Chinese Buddhism : a Translation of Buddhaghosha’s Samantapâsâdikâ, a Commentary on the Vinaya, found in the Chinese Tripitaka ; dans Journ. of the Roy. As. Soc. Londres, 1896, p. 415, et une Note additionnelle, ibidem, 1897, p. 43. — Cf. aussi le rapprochement fait par {{M.|Sylvain Lévi entre un sutta du Maijhimanikâya pâli et un sutra du Madhyama-âgama chinois, Journ. asiatique, mai-juin 1896, p. 475.
  5. Introd. à l’hist. du bouddhisme, pp. 48-50.
  6. J’ai déjà eu ailleurs (Journ. des savants, octobre 1889, p. 630) l’occasion de confesser l’impardonnable oubli qui m’avait fait dire le contraire dans le précédent Bulletin (Rev. de l’Hist. des Religions, t. XXVIII, p. 241). Derechef je m’humilie sous le poids de ma faute.