Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/108

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Cette boutade avait tellement l’air d’une charge que cette fois le général — sauf respect — fut pris pour un pince-sans-rire. L’un des ministres, une des lumières du Barreau canadien, tout de même réputé pour la finesse de ses réparties, ne put s’empêcher de dire :

— Permettez, général, savez-vous à qui vous me faites penser ? En lisant l’autre jour l’histoire de Russie, je me suis fort amusé d’un mot de Vladimirko, prince de Galicie, à qui l’on reprochait d’avoir violé le serment qu’il avait prêté en baisant la croix : Peuh ! dit-il pour s’excuser, la croix était si petite !

Cette joyeuseté, jetée au beau milieu d’une situation aussi dramatique, faillit faire manquer la pièce et baisser le rideau. L’état-major, oubliant la gravité du moment, partit à rire en chœur. Le général lui-même eut quelque peine à se remettre.

— Soyons sérieux, dit-il. Qui veut la fin veut les moyens. Puisque vous connaissez si bien l’histoire, vous n’ignorez pas ce qu’il y a de providentiel dans la progression constante de l’auguste dynastie des Hohenzollern : de simples