Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/114

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En route, Von Goelinger ne souffla mot, de peur de trahir sa déconfiture devant ses inférieurs, qui le suivaient non moins mornes et taciturnes, les uns à cheval, les autres à pied. Mais, dans son for intérieur, il était très mécontent de lui-même.

D’abord, il s’était niaisement lancé sur une fausse piste, et s’en revenait chien battu, comme les débris de la bande du chevalier Benborough, après la sanglante mêlée de Ploêrmel. Puis son grand tort avait été de s’aventurer dans une joute de langue contre plus fort que lui, sur un terrain et avec des armes qui n’étaient pas les siens. Ce qui blessait aussi sa vanité de junker, c’est que ces démocrates d’avocats ne l’avaient pas une seule fois appelé Excellence.

Enfin, comme au fond il n’était pas méchant homme, il gémissait un peu à la perspective d’avoir à employer les grands moyens contre des adversaires après tout si galants.

— Heureusement, pensait-il, moi aussi j’ai deux jours pour réfléchir !