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SIMILIA SIMILIBUS

à Berlin, on lui avait pétri la cervelle dans un moule qui pour commencer n’allait pas à sa tête. Il s’y était fait peu à peu, comme les jeunes Chinoises se font à la torture des petits pieds. Il avait fini par admirer sincèrement les herr professors à lunettes dont il suivait assidûment les cours.

Quelques-unes de leurs théories le firent tressauter au début ; il leur trouva ensuite le charme de la haute nouveauté !

De même, disaient-ils, que la culture forcée seule peut faire produire à la terre les phénomènes végétaux qui font l’ébahissement des visiteurs aux expositions universelles, de même c’est par le développement intensif de l’énergie vitale que se forment les géants physiques et intellectuels destinés à diriger, à corriger et surtout à épater le monde.

Parfois, en écoutant ces leçons de kultur à outrance, Franz sentait le vieil esprit gaulois se réveiller en lui, il se disait alors : Avec un système pareil, je ne m’étonne plus de voir circuler dans les rues de Berlin tant de gros navets, de grosses poires et de grosses bettes !