Passant de l’individu à la collectivité, ses maîtres lui démontraient qu’une nation de « surhommes » ainsi formés devait fatalement devenir une « surnation », et il était sous-entendu qu’il ne devait y en avoir qu’une : l’Allemagne, Deutschland über alles ! Dans ce système fondé sur la Force impitoyable, il ne restait pas de place pour la Pitié, la Résignation, ridicules vertus chrétiennes, non plus pour l’Égalité, invention moderne ; fausses valeurs que tout cela.
De là à conclure à la suprématie ultime des gros canons, il n’y avait qu’un pas, et les gros canons se faisaient chez Krupp.[1]
Dans le domaine de la morale, le surhomme devait naturellement s’élever au-dessus des petitesses de la conscience. L’un des ouvrages les plus lus de Nietzsche avait pour titre : Par delà
- ↑ Les monstrueux aphorismes qu’on va lire sont de Nietzsche, le grand idéologue allemand :
« La guerre et le courage ont accompli de plus grandes choses que l’amour du prochain… Mais nous sommes détestables ? Soit, mes frères. Enveloppez-vous du manteau de la haine sublime ! Et lorsque votre âme ainsi agrandie n’aura plus de frein, dans votre grandeur il y aura méchanceté, et c’est dans cet esprit que le superbe abordera le faible. »