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SIMILIA SIMILIBUS

le Bien et le Mal. L’un de ses paradoxes les plus cités était celui-ci : « L’homme qui aime son prochain comme lui-même a une bien pauvre idée de sa propre personne. » Et, comme les Allemands sont forts en chimie, ils appelaient cela l’acide moralique de Nietzsche.

Il ne faut donc pas s’étonner si, du moment où François Boileau le Canadien se retrouva tout à coup dans la peau de Franz Bulow, officier allemand de garnison à Québec, les deux hommes se prirent corps à corps. Le combat fut terrible ; mais Boileau eut le dessus.

Ce qui acheva de lui tourner les sangs, ce fut l’envoi soudain des troupes chargées de discipliner la population des campagnes où il était venu au monde et où il se croyait encore de la parenté. Il savait parfaitement ce que veut dire ce mot de discipline en bon allemand. Sa conscience eut des soubresauts, de véritables convulsions, à la pensée d’être le complice de cet horrible fratricide.

De ce moment, il résolut de rompre avec le régime de fer que le hasard lui avait imposé ; mais, dressé à la dissimulation par son éduca-