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ÉPILOGUE

avis, Monsieur le Curé, dit Belmont. Voyons, Jimmy, ce que tu viens d’entendre ne fouette-t-il pas ton vieux sang saxon ?

— Ontario n’a qu’une langue officielle, balbutia l’interpellé, visiblement embarrassé.

— Ne te dérobe pas ainsi, confrère, insista Paul. Il ne s’agit pas ici de langue officielle, mais de la langue des écoles. Pourquoi cet acharnement exclusif contre le français ? On n’a pas peur à ce point d’une race inférieure. Craignez-vous qu’elle vous monte sur le dos ? Ou encore, répugnez-vous à vous instruire ? L’homme qui sait deux langues est moins ignorant que celui d’en parle qu’une. Toi, par exemple, qui t’exprimes aussi bien en français que dans ta langue maternelle, ne te crois-tu pas supérieur à ce pauvre esprit de l’Ouest, qui écrivait dernièrement une lettre insultante à un négociant de Montréal parce que celui-ci par mégarde lui avait envoyé une circulaire imprimée en français ? L’effet du chiffon rouge sur le dindon ! Allons, mon cher confrère, prends ta plus fine plume pour persuader aux Anglais de l’Ouest qu’ils ont aujourd’hui la chance de leur vie…