cœurs de sucre d’érable, œufs à la neige, crèmes fouettées, tartes La Fayette, petits gâteaux glacés.
Comme avec cela tous les interstices entre ces plats sont occupés par les ustensiles de moindre volume, sucrier, pot au lait, porte-cuillers, marinadiers aux petits oignons et aux cornichons, sans oublier l’argenterie de famille représentée par l’huilier en double plaqué qui reluit fièrement au centre de la nappe, la corbeille à pain a dû se réfugier sur un guéridon latéral, îlot presque désert d’où elle fait de fréquents voyages à la terre ferme.
Cette gastronomie rabelaisienne n’est peut-être pas ce qu’il y a de plus hygiénique, mais elle illustre le large esprit d’hospitalité que les Canadiens de descendance française — qui entre parenthèse sont et s’appellent entre eux Canadiens tout court, par droit d’aînesse — ont hérité de leurs ancêtres, contemporains de l’auteur des Faits et gestes de Gargantua et de son fils Pantagruel.
Cette table chargée à mitraille semble répéter constamment : Servez-vous donc, les amis !
Ceux-ci n’ont en effet qu’à allonger le bras