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SIMILIA SIMILIBUS

Pourquoi tant de cuillers et de fourchettes ? Des fleurs, des bougies, des lampions, des rince-doigts, c’est très joli, mais cela ne se mange pas. Lorsqu’enfin arrive le repas, la partie solide, c’est par morceaux, croquettes de la grosseur d’une noix, petites bouchées en papillotes, qu’on ne sait avec quel outil ça se mange, et qui ont l’air de dire : N’y retournez pas ! Chaque service porte un nom élégant qui sonne bien à l’oreille, mais ne remplit pas la dent.

Ici rien de tout ce falbala. Dès qu’on se met à table, on embrasse tout de suite du regard la terre promise dans toute son étendue, du petit coup d’appétit au dessert.

Sauf la soupière qui, après avoir gaiement ouvert le bal, s’est retirée pour faire place au rôti de résistance, et la théière qui fume à grosses bouffées sur le fourneau en attendant son entrée en scène, tout est là : tranches de jambon rose, croustillant rôti de porc frais à l’ail, pâtés de viande qu’on appelle ici tourtières, pains de beurre finement moulé, tout cela un peu pêle-mêle à côté des friandises du dénouement, beignes poudrées de sucre blanc, fraises à la crème,