Page:Barthe - Similia similibus ou la guerre au Canada, 1916.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
29
COUP DE TONNERRE

et qui, disait-il quand on lui en faisait la remarque, lui venait de naissance. Il était orphelin, et les jeunes personnes de l’âge de Marie-Anne ont généralement un faible pour les orphelins, surtout quand ils ont vingt-cinq ans.

La vie de Paul, que celle-ci n’avait pas manqué de se faire raconter, n’avait de remarquable que cette note souffreteuse qui le rendait intéressant.

Il n’avait connu ni sa mère, morte en lui donnant le jour, ni son père, emporté peu après par le chagrin. Recueilli en bas âge par des parentes éloignées qui furent très bonnes pour lui, il avait pu suivre un cours complet de belles-lettres.

À vingt ans, au sortir du collège, seul dans la vie, mais pétri des classiques, piqué de la tarentule littéraire, il avait dit adieu à ses bienfaitrices et était venu chercher la gloire, sinon la fortune, dans la capitale de l’Est, qui comme toutes les villes universitaires avait quelque prétention au titre d’Athènes. Il s’y était fait remarquer par quelques originalités de style qui lui avaient valu plus de compliments que d’argent.

Il faut croire qu’il excellait autant, sinon plus,