dans le genre épistolaire que dans l’art d’accommoder et de griller ses adversaires politiques, car quelques lettres ardentes dont le thème favori était la prédestination des âmes-sœurs créées l’une pour l’autre lui avaient suffi pour convaincre la bonne Marie-Anne qu’il ne pouvait vivre sans elle.
De son côté, celle-ci eût préféré mourir elle-même que de commettre un pareil homicide ; et bref, comme le pays était encore trop jeune pour que les mystérieuses affinités à propos desquelles Paul écrivait tant de belles choses y fussent admises autrement que pour le bon motif, l’âme-sœur s’était, un beau jour présentée chez le père Meunier sous les traits d’un orphelin de vingt-cinq ans, et avait fait la grande demande.
L’excellent homme se fit d’abord un peu tirer l’oreille ; quelqu’un, un rival peut-être, lui avait insinué que les rédacteurs de gazettes étaient une sorte de bohémiens, la terreur des poulaillers. Mais sa digne épouse, que Marie-Anne avait gagnée à sa cause, fit de si belles instances que M. Meunier comprit qu’il était inutile d’at-