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NUIT NOIRE

leurs, l’engouement ne se limitait pas à notre profession ; tout le public, hommes d’affaires, chambres de commerce, corps municipaux — les journalistes mêmes, et si vous aviez été là dans le temps, mon cher journaliste, vous auriez fait comme les autres… tous en un mot poussaient à la roue. C’était du capital étranger qui s’amenait par millions ; le pays avait tout à y gagner…

Le digne tabellion reprit, après un instant de silence :

— Voilà les brillants souvenirs que tout à l’heure je retournais ironiquement dans ma tête. Dans ma rêverie, il m’a semblé tout à coup entendre éclater à mes oreilles le ricanement diabolique de Méphisto. Car, notez bien ce que je vous dis, jeune homme, c’est là, dans cette île d’en face, que nous avons cru, sots que nous étions, travailler pour l’agrandissement de notre cher vieux Québec ; et c’est aussi de là, de cette même île ensorcelée, que part votre feu d’artifice, qui est en réalité, savez-vous quoi ?…

— Je n’ose y penser, dit Paul, tout frémissant.

— Le bombardement de Québec ![1]

  1. Dans le monde officiel à Québec et à Ottawa, on sait que les incidents qui servent de base à notre récit n’ont rien de la fiction. Durant les deux ou trois