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SIMILIA SIMILIBUS

— Comment ! vous croiriez que…

La conversation fut à ce moment interrompue par le brusque arrêt de l’auto.

Depuis quelques instants, le chauffeur avait dû ralentir la course et patiner d’un côté à l’autre du chemin, qui devenait de plus en plus encombré d’équipages de toutes sortes, presque tous — chose extraordinaire — filant dans la même direction, vers Québec dont l’imposant massif, tout noir à sa base, n’apparaissait plus que comme un volcan à plusieurs cratères, vomissant

    années qui ont précédé la guerre, les émissaires prussiens semblent avoir eu un faible pour les environs de la forteresse de Québec. La grande Île d’Orléans, isolée, peu fréquentée, sans autre communication avec la terre ferme que par petits bateaux de marchés, exerçait sur eux une mystérieuse attraction. Endroit en effet des plus commodes pour y établir des batteries à double effet, sur Québec d’un côté, de l’autre sur les forts de la Martinière.

    L’un des projets allemands les plus bizarres fut de créer un port de mer pour la compagnie transatlantique Hamburg-American à l’extrémité inférieure de l’Île d’Orléans, lorsque l’immense rade de Québec offrait tous les avantages d’un port naturel à eau profonde. Le schéma de l’entreprise comportait l’établissement d’un chemin de fer électrique sur tout le pourtour de l’Île, l’érection d’un pont de 8,000 pieds pour communiquer avec la côte de Beau Pré : une dépense de quatorze à quinze millions de piastres, disaient les promoteurs, représentés à Québec par un baron à millions. Ils s’étaient procurés à Ottawa toute la car-