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SIMILIA SIMILIBUS

de campagne ou de leur tour de voiture par les sinistres lueurs de l’incendie, ou des villageois auxquels les mystérieux événements de la soirée inspiraient de mortelles inquiétudes sur le sort de leurs enfants à l’école ou de parents logés en ville.

Ils allaient mornes, soucieux, l’œil aux aguets, sous l’impression vague de quelque danger imminent, d’autant plus redoutable qu’on ne savait pas où ni quand il éclaterait. Contre l’habitude, on n’entendait pas de ces cris d’impatience ou de défi, de ces propos goguenards que les cochers et chauffeurs prennent plaisir à échanger quand ils se rattrapent ou se distancent sur les grandes routes.

À mesure que cette procession d’équipages, sans cesse grossissante chemin faisant, se rapprochait des ponts à bascule qui donnent accès au cœur de la cité, l’encombrement devenait tel qu’on n’allait plus qu’au pas. Les véhicules se rangeaient le mieux possible, deux, parfois trois de front, barricadant la route sur toute sa largeur. Bientôt il fallut faire halte, en attendant que la tête du défilé pût trouver passage sur l’étroite voie des ponts.