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NUIT NOIRE

avait plus ni téléphone, ni télégraphe, ni lumière électrique, ni tramway, et que des misérables, on ne savait pourquoi, voulaient faire sauter la ville. Çà et là, des vitrines étaient pauvrement éclairées de bougies ou de lampes à pétrole ; Paul entra dans un de ces établissements, griffonna quelques lignes sur un feuillet de son carnet de reportage, les remit au jeune conducteur de l’auto qu’il renvoya en toute hâte au village. Voici ce qu’il mandait à son futur beau-père :

« Gardez ceci pour vous. Un grand malheur se prépare ! Il a été souvent question d’un voyage pour ma chère Marie-Anne ; mes bonnes parentes de là-bas, dont vous avez l’adresse, l’attendent toujours à bras ouverts. Croyez-moi, conduisez-la avec sa mère, sans perdre une minute, dès cette nuit, à la première station de chemin de fer où les trains circulent encore. Les hommes doivent rester à leur poste. À la grâce de Dieu ! — Paul Belmont. »

Paul courut ensuite à son journal. Hélas ! il n’y avait plus de journaux. Les machines à composer, les presses, tout était arrêté. L’énergie électrique, la lumière, tout avait subitement manqué de bonne heure dans la soirée, en même