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SIMILIA SIMILIBUS

Du reste, le curieux instrument de musique que la plupart portaient sur l’épaule ou à la grenadière ne permettait à personne de douter de leur talent de société ; il leur garantissait à coup sûr toute liberté de donner des sérénades sans se soucier le moins du monde si leur chorale blessait les oreilles ou offensait, les sentiments de leurs auditeurs.

Quelques-uns d’entre eux se servaient déjà de ce drôle de saxophone pour bousculer rudement les jeunes gars que la curiosité attirait trop en dedans de la ligne de marche. Des cris de frayeur ou de douleur ajoutaient çà et là quelques notes de contralto à ce barytonage déjà terrifiant par lui-même.

L’ensemble de ces centaines de voix mâles, singulièrement gutturales, chantant dans un unisson parfait, ne manquait pas d’une certaine beauté. L’auditoire n’en pouvait dire autant de la mélodie elle-même, plutôt monotone et dont on ne comprenait pas un traître mot.

Entre chaque couplet, il y avait un intermède de quelques mesures où la cadence du pas militaire semblait répéter le refrain en sourdine,